Les FELDSPATHS

Le terme Feldspath est d’origine allemande. Il provient de Feld qui signifie champ et de Spath minéral clivable. Les Feldspaths sont sur le plan pétrographique*, les plus importants de tous les minéraux composant l’écorce terrestre. Cependant, le  groupe des Feldspaths fournit un certain nombre de minéraux, estimés comme gemmes et pierres d’ornementation, utilisés en bijouterie joaillerie.
Les Feldspaths sont constitués de trois éléments de base - l’alumine, la silice et l’oxygène – auxquelles s’ajoutent des traces de calcium, de sodium et de potassium en quantités variables. C’est la variation de ces trois éléments qui va déterminer les différentes gemmes et pierres ornementales de cette famille.
Certaines pierres appartiennent au système monoclinique, les autres, au système triclinique. Leurs caractéristiques physiques sont proches : leur clivage* est parfait, leur dureté est voisine de 6 et leur densité varie entre 2,56 et 2,75.
La structure des feldspaths est constituée d’un empilement de lamelles extrêmement fines transparentes à translucides. La réflexion de la lumière sur les couches les plus proches de la surface provoque un jeu de lumière qui, lors des mouvements de la pierre, semble flotter à la surface.

- Les Feldspaths calcosodiques ou plagioclases
Sont composés des trois éléments de base – alumine, silice et oxygène – auxquels sont additionnés le calcium et le sodium. Ils comprennent trois pierres utilisées en bijouterie : la labradorite, la pierre de soleil et l’andésine.

- Les Feldspaths potassiques
Sont composés des trois éléments de base – alumine, silice et oxygène – auxquels est additionné le potassium. Ils comprennent également trois pierres employées en bijouterie : l’amazonite, l’orthose et la pierre de lune.

La LABRADORITE ou SPECTROLITE
Aluminosilicate de sodium et de calcium. Appartient au groupe des feldspaths plagioclases.
Couleur : grise aux irisations multicolores dominées par le bleu et le vert.
Principaux gisements : Canada (Labrador), États-Unis (Utah), Madagascar, Mexique, Australie, Russie, Finlande, Norvège.

La labradorite doit son nom au Labrador,  province du Canada où elle fût découverte en 1770 par M. Wolfe. Découverte en Finlande, elle prend le nom de spectrolite.  Elle est rapidement appréciée pour sa labradorescence. Ses irisations sont dues à sa texture en minuscules lamelles parallèles qui provoque de vives interférences de couleurs spectrales où le bleu et le vert dominent. On en fait des vases, des coupes et de nombreux objets d’art. Dès sa découverte son succès est remarquable, tant dans la bijouterie et la joaillerie européenne, qu’américaine. La labradorite est utilisée taillée en plaques, en cabochons, en boules, elle est également sculptée en camées et en intailles. C’est sous ces deux aspects qu’elle pare à partir de 1860 les bijoux de style néo-antique (Tiffany et Co) et de style néo-égyptien (Paul Brandt). En 1963, le maître joaillier Pierre Sterlé crée une broche oiseau au corps de labradorite, aux ailes d’or et de diamants.
En litho-thérapie, on attribue à la labradorite des vertus protectrices. Elle agirait comme une éponge, en absorbant les énergies négatives. En protégeant ainsi son utilisateur, elle renforcerait le don de plaire, diminuerait les fatigues physiques et intellectuelles et augmenterait les facultés d’auto-guérison.

L’AMAZONITE
Silicate double d’aluminium et de potassium. Appartient au groupe des feldspaths potassiques.
Couleur : Vert, vert bleuté, bleu-vert.
Principaux gisements : Colorado(Etats-Unis), Namibie (Afrique), Brésil, Inde, Madagascar, U.R.S.S.

L’amazonite a été trouvée à l’état de galets roulés dans le fleuve Amazone. C’est la raison pour laquelle le nom d’amazonite a été attribué à ce minéral. 
La légende prétend que certaines peuplades du Nord du Brésil, exclusivement composées de femmes, offraient ces pierres aux hommes d’une tribu voisine en échange de services et afin de se perpétuer. 
 
Sa couleur vert-pâle à bleu-vert évoque celle de la turquoise et du jade. Elle présente un chatoiement nacré caractéristique, dû à sa structure lamellaire, qui permet de la différencier aisément des autres pierres ornementales.
Pendant l’Antiquité, elle orne les parures égyptiennes sous la forme de scarabées et de perles.
L’amazonite est utilisée  à la Renaissance en marqueterie.
Les bijoutiers joailliers des époques Art Nouveau et Art Déco l’utilisent taillée en plaques, en boules, en cabochons qui agrémentent les parures et les bijoux, bagues, bracelets, colliers, boucles et pendants d’oreilles, broches, les boutons de manchettes, épingles de cravate et les accessoires de mode boucles de ceintures, poudriers, boîtes à cigarettes, sacs de soirée.
Elle est également employée pour la confection d’objets d’art et de décoration.

La PIERRE DE LUNE
Silicate double d’aluminium et de potassium.
Couleur : incolore, blanche, jaune, orange, verte, grise, reflets bleutés.
Principaux gisements : Ceylan, Australie, Birmanie, Brésil, Etats-Unis, Inde, Madagascar, Norvège, Tanzanie.

Les pierres de lune présentent des reflets d’un blanc de lait nacré, qui semblent mobiles à l’intérieur de la pierre. Ces reflets argentés ou bleutés, causés par la structure lamellaire de la pierre, provoquent des interférences lumineuses rappelant la clarté lunaire. Le nom de pierre de lune évoque cet aspect. Outre ces reflets typiques, lorsque les reflets sont placés en une seule bande, la pierre de lune peut présenter le phénomène d’œil de chat, elle peut aussi être étoilée à quatre branches.  Ces particularités sont mises en valeur par la taille en cabochon.
La pâleur et les reflets lunaires de la pierre s’accordent parfaitement au style délicat des bijoux de la période Art Nouveau. En 1900, elle inspire de nombreux artistes joailliers. René Lalique utilise les cabochons de  pierre de lune pour la confection de nombreux bijoux et parures qui rivalisent de grâce, de délicatesse, de transparence et de fragilité.

* La pétrographie est la partie de la géologie qui étudie la formation et la composition minéralogique des roches.

* Clivage. Le plan de clivage est un plan de moindre cohésion atomique facilitant la séparation du cristal en deux ou plusieurs parties.
C’est la propriété que possèdent de nombreux minéraux de se laisser diviser, soit par choc, soit par pression suivant une ou plusieurs directions. En fonction de l’aspect plus ou moins lisse de la surface obtenue, les clivages sont dits parfaits, imparfaits, ou distincts.
Cette propriété est utile pour le lapidaire et le diamantaire. L’exemple le plus intéressant est celui du diamant. Certains spécimens bruts de diamant sont clivés plutôt que sciés. Les clivages dans le diamant sont possibles dans une direction parallèle aux faces de l’octaèdre.

Le cas du diamant Cullinam (pesant 3 106 carats* brut) est le plus frappant : Les frères Asscher, à la demande du roi d’Angleterre Edouard VII, furent chargés de séparer et tailler le diamant. Après plusieurs mois d’observation et de calculs destinés à situer les axes cristallographiques et les plans de clivages, ils ont décidé de cliver le spécimen brut. Pour réaliser ce travail, il a été nécessaire de réaliser une rainure suivant la direction d’un plan de clivage et ensuite, à l’aide d’une lame, séparer le cristal en appliquant une forte pression sur la lame. Plusieurs jours ont été nécessaires afin de préparer la rainure et seulement trois coups secs pour cliver le diamant.
Même le diamant, en dépit de sa très grande dureté, peut se briser s’il subit un choc suivant la direction de ses plans de clivages.

* Carat. Le carat est l’unité de poids des pierres précieuses et fines. Il correspond à 0,20 gramme. Il doit son nom à la graine du caroubier dont l’unité de masse est sensiblement équivalente.
Le terme carat était également utilisé pour désigner  le pourcentage d’or (en 1/24) contenu dans un alliage et tend à être remplacé par le millièmes (18 carats = 750/1000). Concernant les métaux, le terme Karat ou simplement la lettre K restent parfois utilisés.